Le Sanatorium d’Aincourt, situé en pleine forêt à environ 60 km de Paris, est un site emblématique du patrimoine médical et architectural du XXe siècle. Construit en 1933 par les architectes Édouard Crevel et Paul-Jean Decaux, ce complexe fut à l’époque l’une des structures les plus vastes de France pour soigner les patients atteints de tuberculose, une maladie alors endémique. Ses trois pavillons, conçus pour éviter la contagion, étaient bâtis sur des collines et alignés en demi-cercle, garantissant un ensoleillement optimal et une bonne ventilation naturelle, essentielle pour les patients.
Un passé tragique et lourd d’histoire
Le destin du Sanatorium d’Aincourt bascule en 1940, lors de l’Occupation. Réquisitionné, il devient un camp d’internement où près de 1 500 résistants et opposants politiques y furent détenus. Les conditions y étaient rudes, et de nombreux internés furent envoyés dans des camps de concentration d’où peu revinrent. Ce passé tragique est commémoré par une stèle érigée en 1994 pour honorer les victimes, un souvenir puissant qui marque les lieux encore aujourd’hui.
L’abandon et la renaissance par l’urbex
Après la Seconde Guerre mondiale, le sanatorium rouvre pour des traitements divers, mais avec les avancées médicales et l’arrivée des antibiotiques, les sanatoriums deviennent obsolètes. En 1972, une partie du complexe est transformée en centre de rééducation. Dans les années 2000, les pavillons restants sont finalement fermés, laissant place au silence et à la nature qui reprend peu à peu ses droits.
Aujourd’hui, le site attire les amateurs d’urbex fascinés par ses longues galeries abandonnées, ses vastes chambres vides et l’art urbain qui s’y est installé, notamment les œuvres de graffiti de l’artiste ROA. Les murs décrépis, les fenêtres éclatées et la végétation envahissante confèrent à l’endroit une ambiance unique, où chaque recoin semble raconter une partie de son passé riche et tourmenté.
Conseils pour une exploration respectueuse
Bien que l’accès soit officiellement interdit, l’urbex au Sanatorium d’Aincourt est devenu une activité prisée pour les explorateurs aguerris. Cependant, il est essentiel de respecter les lieux pour préserver ce témoignage historique. Soyez prudents, car le bâtiment est en mauvais état, avec des zones instables et des structures fragiles. Par ailleurs, éviter de dégrader ou de perturber les graffitis et installations artistiques est fondamental pour que ces lieux puissent rester un espace de mémoire et de beauté dans leur déchéance.